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Les rêves de Cachou

1 juin 2010

page 32

Il est mystérieux, seulâtre, plus noiraud que nous. Dans son casier, il nous a montré un boulier sombre, il nous a confié un jour que son père Maronite Libanais est mort aux Dardanelles. Chat le poête lui a répondu poétiquement:
- A chacun sa merde, mon pote!
Avec lui, on sait qu'il ne faut pas parler des parents, de toutes ces choses qui en approchent.

Parfois je m'offre la préméditation de quelque heures de colles, en principe les veilles d'intéro de maths,elles me permettent de régler certains différents avec mes congénères, et de me ménager de bonnes relations avec les élèves de la classe supérieure. Ils conservent, échangent les cours, les programmes, les résultats de l'année précédente. Précieuses archives qui dès Pâques, m'annoncent le programme de passage de fin d'année. Je consulte les pages usées, calligraphiée, les références, les exposés transmis par des générations de truqueurs mercantiles, annotés par des profs, usés à nos escroqueries.

Chouni est invariablement toujours le premier, il apprend, c'est son pied, son truc. Moi invariablement je calcule. Pour gagner, tout nous sépare, lui c'est naturel, moi je coquine; le résultat est qu'il est toujours devant moi, c'est insu portable.

A la fin de chaque trimestre, il écoute son palmarès, calme, comme si ses résultats étaient acquis. il se décerne un petit sourire humble, qu'il me transmet en tournant sa tête vers mon endroit. J'enrage, je médis que j'ai tout mon temps pour le décoiffer le Couni 1er, le roi des maths. Je m'en vais lui administrer une bonne révolution. Le jour où le pépère du calcul s'y attendra le moins. Je veux ce sourire, mon sourire, le tableau d'honneur et l'humiliation.

Le roi de l'équation est tombé à cause du cassoulet du Jeudi. le jeudi soir c'est le jour du cassoulet sous toutes ses formes, les fayots hebdomadaires sont parfois gros, plats, mogettes, lingots, soissons accompagné de palette ou de saucisses. C'est l'avant maigre du vendredi, ils nous bourre. Le soir, au dortoir, c'est un récital de pétomanes, un concerto de prouts.

L'idée m'est venue, du résultat d'une plâtrée de soissons, vite avalés, mal digérés. ce jour là l'imparfait du subjonctif me passionnait guère, je suis plus attentif aux contractions de mon ventre. je me prépare avec délices à libérer la tornade de méthane. malin, je serre les fesses au maximum prolongeant la catastrophe. Un long feulement part, s'amplifiant dans la durée. D'abord sur une seule note, sans variances, puis tonique et descendant dans les graves, sur la fin de la partition.

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1 juin 2010

page 31

Contre le tableau noir, un défilé de fantômes, des visages crayeux,crispés. Le capitaine assis au bureau laisse pendre des mains laiteuses, dégoulinântes le long de la chaire. Quelle photo de ma nouvelle famille!

Avec Rack-JackRack-Jack, on a la même impression sur le prof de latin-français: une vrai tartine de mie. Chat le latiniste l'a surnommé Ab Ovo (celui qui vient de l'oeuf) rapport au crâne en pin de sucre, avec sa tonsure en hostie. Ses mains sont stupéfiantes longues, fines, avec des ongles pâles,lunulés. pour ça, on les voit souvent, ses mains; il nous les colle de partout. Sous des prétextes de vérifier une version, elles coulent sur l'épaule, le cou. Ab Ovo c'est les doigts en épis, avec la règle de fer comme accessoires.
D'autres pincent en tournant.
Les grands de terminale l'appellent Minette.

Nous les petits on a des horaires différents. je me lève à 7h, direction les lavabos: les dents,la figure, le peigne et retour en rangs. Réfectoire, chicorée amère,lait,deux carrés de chocolat noir, du Suchard! Ensuite la route de la chapelle, courte messe du matin,montée à l'étage pour la première permanence. En général le pion vient de se lever, nous sommes en avance;cette étude me sert à préparer mes anti sèches. Le transfert à la classe principale est fastidieux, ronchon. Premier cours, puis récrée.Pour ceux qui veulent du sport, y'a du sport, après la bouffe de midi, en fin de cours d'après midi. Les repas nous obligent à la vaisselle, les rangement, par roulement, sous la houlette d'un grand de terminale. Après le dîner, permanence des collés, extinction des feux vers 20h30. Pour moi les colles c'est différent, je suis en "spéciale", c'est à dire avec les orphos. On leur pose problèmes, ils nous les distribuent en fonction de la liberté d leur personnel,aussi pas de demi mesures, c'est par 8h,semaines,mois. En fin d'année les coups sont jouables, l'impunité se joue avec le remplissage.

Pour calmer, ménager, le plus agréablement possible ces incarcérations, il convient de les calmer quand aux motifs; dissipé! certainement, brillant indispensable. je travaille selon leur exigence, tirer au flan n'est pas la solution, progresser un peu chaque trimestre me procure certaines indulgence, une attention positive des profs. Mes colles sont strictement disciplinaires, nuance importante chez les jèses. Le duo et moi, nous défonçons de partout surtout en maths.
Dans cette discipline, un grand couillon nommé Chuoni est toujours le premier, même Rack-JackRack-Jack ne peut l'atteindre.

1 juin 2010

page 30

Elle n'est pas innocente: en fixant les petits de l'engeance, on peut mieux les contrôler. Éventuellement avoir la maîtrise du nomadisme pour les proches, tout du moins le surveiller.
pour celà les jèses sont des alliés de taille. La culture dont ils m'ont imprégné; m'a souvent obligé à de furieuses douches au typex pour tenter de nettoyer leur tatouages.

Les cours définitifs vont bientôt commencer, la cours principale commence à se remplir peu à peu. Elle ondule, tremble sous le ressac des culottes bleues et des casquettes violettes. De la fenêtre du dortoir, j'observe la marrée, une envie tenace m'intime de plonger à l'intérieur. Je me cramponne à la croisée, partagé entre le désir de flotter parmi eux et le refuge douillet des oreillers. l'attraction du vide se dissipe, je me calme.

Un matin je suis réveillée par des bruits de scies, des tintamarres de marteaux m'abasourdissent. La fenêtre s'ouvre promptement, nos minois d'insectes découvrent un chambardement théâtrale! Au milieu d ela cour d'honneur. C'est des madriers qu'on cloue, des planches qu'on refend, l'odeur du bois torturé mont jusqu'à la fenêtre dans des volutes de sciures.
Rack-JackRack-Jack, Chat hurlent:
- C'est l'estrade! c'est l'estrade!
Ils me confient, c'est le début de l'année des cours, chaque début d'années scolaire: ils montent; à la fin des cours, ils démontent.
J'en déduis qu'on en est tout proche;
Je me souviens de tout en vrac:
les appels, les rangs de genoux alignés aux rotules griffées,rosie. Les tableaux d'honneur, les colles, les pamphlets publics du préfet des études, les blâmes.
Tout celà est énoncé publiquement, sans sarcasme, simplement,monocorde, sans saveur d méchanceté, dans une espèce de compassion sonore,fuyante, littéraire.
La liste des collés musique dans une partition spéciale, elle se chante presque, avec une musique proche de celle des complies du dimanche après-midi:
- Monsieur Chat restera dans l'établissement Jeudi pour des études complémentaires. Tout ça dans le ton, sans fausses notes.

Le jour vint, où nous eûmes notre première réunion, dans notre classe pour la présentation de nos profs de l'année. Le proviseur nous les fait connaître. Quelle quadrilla! Ils ont autant la trouille que nous. Ce sont de jeunes curetons, frais tondu du grand séminaire. En ligne derrière le principal, nous les dévisageons assis à nos bureaux, les mains bien à plat sur le bois.

24 mai 2010

page 29

Une dizaine de jours ou plus se sont passés depuis mon arrivée, je colle assez bien a ce rythme d'inter-vacances. Luce a téléphoné, elle a buté sur des horaires et m'a fait dire, transcrit sur un formulaire dactylographié : Je ne pourrais pas passer ,mais...elle demande une autorisation de sortie pour le dimanche à venir, toute la journée!

Je compte les jours, le Dimanche vient, le fourrier arrive. Il me remet mes habits de sortie, me fait viser un billet plein de noms de responsables. Il précise l'heure impérative du retour à la loge. Il dit que la camionnette du boulanger est en instance de départ jusqu'à Villebelle, qu'elle peut me conduire à la gare. Je suis content de rentrer à la maison.

C'est le type aux bombons qui me récupère. Maman m'a prévenu qu'il viendrait me chercher, n'étant pas disponible à cause du travail. Du coup je fais la gueule à l'emballeur de kréma mentholés. Je ne lui dit rien jusqu'à la maison.
On est allé tous les trois se promener au parc. Luce est souriante, moi je me barbe, j'ai envie de retourner au bahut partager les bombons du zèbre, il me prend la tête ce gus, il minaude:
- Il est rigolo ce gosse, tu t'amuses ?
Il me tutoie ce con! Je le dirais à mon père, je suis furax, à la première occasion je le tutoie aussi, même son pif.Il faudra sauter haut pour lui taper dans la tête.

Je suis revenu énervé.Rackjack l'arménien est installé proche de Chat; ils sont potes, j'essaie de devenir le sien. Son numéro de cadenas est original7,8,9,10. suite logique à la chaîne de l'amitié.Nous trois on jouent potes, supermarché de nos besoins mutuels. L'arménien c'est le mode d'emploi de la boutique, tu demandes, il te répond. La spéciale est réservée aux boursiers.

IL dit doctement:
- On est boursiers quand on a des bourses. C'est tout l'état qui paye, la bouffe, les fringues, les cours, tout et tout quoi! Ça paye jusqu'au bachot, sans l'argent de poche bien entendu. Nous on est pensionnaires, on est mal barrés pour quelques années. Ceux qui sortent tous les soirs, ils sont pas avec nous, ils nous ignorent. Les sous des bourses c'est les parents qui les demande quand ils en veulent. C'est la DDASS qui décide. Après ce cours magistral, je me demande comment a fait Luce, car des parents j'en manque pas, on a des bagnoles, des campings, un magasin, où est l'arnaque ?

Plus tard; j'ai démasqué l'ingénieuse combine, dans son ensemble.

10 mai 2010

page 28

Il achève. Froide, l'eau est froide dit-il en mimant les grelottements. Sauf quand il neige.C'est chaud, pas de neige,pas d'eau chaude.

J'imagine de nouveau la Ballerine, les truites,St Lambert, la digue. Je vais tout lui raconter à ce nouveau frangin. Je vais l'emmener là bas. je vais lui faire connaître les clapos du bas de la cascade, les arcs en ciel irisés de dessous les rochers, je vais lui distiller tout ça, j'vais le porter dans mon sac. J'ai une immense envie de lui faire plaisir.

Pour l'instant le popof ne me laisse guère le moment de lui parler. Il me récite le fonctionnement de cette vie au ralenti. Tant que c'est les vacances, les profs ne sont pas là. Il existe que trois séminaristes, le concierge, ses aides, le jardinier, le cuisinier qui fait manger toute la maisonnée.
Nous les petiots, on fait la vaisselle, c'est les grands qui en décident. C'est peinard en ce moment, la boite est vide.

Ma vie de pensionnaire commence par du Rab de Lu, ces biscuits m'ont gratouillés toute la nuit, je les ai baffré dans le lit, songeur, insomniaque, les miettes ont fait le reste. Le pion du soir est sympa, il a laissé brûlé la lumière un peu plus tard que coutumes, justifiant les vacances. Il dit que c'est un privilège et que dès l'entrée en vigueur du règlement normal c'est 9h, serado! Nous sommes prévenus.
C'est la nuit, le mâchoires sont éteintes, plus de pets, plus de rôts, aucun bruits inventifs, sous peine de sanctions ecclésiastique expiatoires, sacristales. Elles laveront nos malignités d'enfants,d'indulgences temporaires.

La messe c'est pas trop mon truc, j'en ai un peu d'expérience, grâce à la colo du curé de St Lambert. J'y étais allé presque tout le mois vu qu'on pouvait déjeuner deux fois, avant et après. Ici, on n'y coupe pas, c'est tous les jours,obligatoire.
il faut suivre le troupeau,même si on est petit. On me met au premier rang, car je suis nouveau. Il me faut apprendre à "servir".

Le goupil m'informe
- Regarde bien comment ils font, tu prendras de l'avance pour la rentrée, c'est à terme des bons points, des images pieuses, tu les échangeras avec les demi-pensionnaires. faut être dans les premiers au catéchisme, le caté c'est primordial.

J'ai du mal a accepter de me déguiser en robe longue et brodée. J'ai pas trop envie de trimbaler ce gros bouquin relié, d'où s'échappent des rubans bondieusés. Je crains de rester à côté d'un latiniste efféminé qui branle sa clochette pendant le qui riez ?

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4 mai 2010

page 27

-Ils nous surveillent pendant qu'on mange,là, il m'immobilise par cette surprenante constatation, Pourquoi ?
- tu verras répond la fouine, tu verras le vendredi.
- Le vendredi ?
- C'est le jour du poisson rigole le Cha-cha.
Devant tant d'expérience; tant d'assurances, je m'humilie un peu, je lui demande, timide.
- Y'a longtemps que t'es là toi ?
Il se tend un peu, ses épaules s'élargissent
- Deux ans, deux ans avec les vacances, deux ans! Mon collègue soupire t-il, en écarquillant les yeux l'un après l'autre. Le plus dur c'est que c'est encore les vacances.
- mais si c'est encore les vacances, qu'est ce qu'on fout là?
- Bin, on est en "spéciale" mon pote, tu le savais pas? Je fais silence devant tant de lacunes. Il continue.
- Tu sais, il n'y a pas que nous deux dans ce cas, tu vas en connaître d'autres:

Il y a Rakjack,Mathias et tout plein. Tous, quand on est en vacances, on sait pas où aller, alors on reste ici. De toute façons, rester ici pendant les vacances, c'est aussi les vacances. On est peinard, on prend de l'avance pour les études de l'année suivante. Ça permet de ramer un peu le long de l'année.

Je lui parle,inquiet:
-Mais tes parents pour les vacances, ils ne sont pas là, t'as vraiment pas de mamie?
- Des parents, j'en ai point! aboie le cha, c'est définitif, je demande plus rien. pour moi ça se brouille un peu, je réalise que j'ai Luce, Mamie, un frangin tout cassé,vivant, des oncles, des cousins. j'en dit rien au brûlé, mais toute cette histoire pue sacrément, vas falloir que je nettoie.

Ce bout de braise m'impressionne, me sécurise, il se bouge dans cette maison comme un courant d'air, une chance de tomber sur un fiston de ce calibre. nous allons visiter les douches, c'est de nouveau grand, carrelé, avec une rigole qui course dans la faïence. Des tuyaux serpentent au plafond, à intervalles réguliers. De petits parapluies de zinc perforés, font comme des petits arbres de Noël suspendus à l'envers. Contre les murs, des robinets de cuivre jaune d'où s'échappent des tuyaux bouchés par des trucs coniques. Cha me déclare qu'une fois par semaine, on y passe tous, la zezette contre le mur et les jambes écartées. Si un pion t'a dans le collimateur, il augmente un peu la pression.
Charmant, mais pas de comparaison avec la Ballerine.

Com perso:Quand je pense qu'on râle parfois de notre enfance...Relativisons..

4 mai 2010

page 26

Les cadenas, je connais, mais je les pratique avec des cisailles, ou des démontes-pneus, mais pas les bricoler pour qu'ils se ferment.Je me souviens alors d'un truc lu dans Spirou; j'inverse le chiffre 52, j'en suis donc à 25,je rajoute deux fois 00,le tour est joué,j'essaie; le bidule fonctionne, je brouille les molettes. Cha m'explique comment il faut ranger ses affaires, nous sommes parfois inspectés, il y a une façon de les aligner pour être absous.

Je suis content de la trouvaille du chiffre secret pour le cadenas. Je m'empresse de lui communiquer la méthode. Il bondit, in terloqué, il est scié,
- Mais, il fallait pas me le dire! Il bégaye:
- Faut jamais rien dire, surtout pas ça!

Je m'énerve un peu, auparavant je n'avais jamais possédé un bouclard qui ferme.A part le cabanon des autres d'où je dénichais des trésors. Pourquoi il m'emmerde ce gadjo avec ses pudeurs de truitelle, je lui refile le numéro de ma grotte, c'est bien non ?
Il va pas aller le raconter,non. Je lui commente tout cela, pendant qu'il me conduit au réfectoire, je rajoute.
Je te l'ai pas dis ce numéro, c'est pour quand je me souviens plus,rien à redire! Si dedans ce placard, j'ai des gâteaux de ma mère, des bouts de cuivre, des sous. Je dis bien si: je suis malade, je me souviens pas hein?
Je fais quoi moi? Puis sans lui laisser le temps de répondre,
- C'est quoi ton numéro à toi? Il répond sans malice:
- 3,4,5,6.
Futé le Cha-cha, qui penserais à un truc aussi branque. Le choix d mon amitié se confirme, il est malin ce type.

Je m'apercevrais que c'est un grand luxe tout au long de ses années, dans cette boutique d'allumés.
L'amitié, ici c'est le ciment imperméable, qui nous protège des pluies de rage, des détresses, des larmes de nouveaux chagrins.

On arrive au réfectoire des petits. Quelle: pour des petits c'est bien grand. Un carré au milieu de cette énorme surface, dressé comme un ring des actualités Moviétones. Pareil identique, un escalier de bois sur le côté, mais des tables disposées sur les bords, tout autour. Elles affleurent le vide, les chaises sont tournées vers l'intérieur. Je suis interdit, le briscard commente.
- Ils nous surveillent pendant qu'on mange. eux, ils mangent en rond!

29 avril 2010

page 25

C'est ton page me dit le bicolore, le mien est en face c'est le 50.

Cinquante deux! Ce numéro n'a jamais quitté mon esprit, il est gravé en moi, comme un coeur sur le tronc d'un chêne. 52 aime Cachou; une enfantine déclaration d'amour. Une fl^che pincelée qui me transperce. Ce putain de 52 m'a fait perdre d'innombrables tiercés, d'épique séances de casino, de jeux de hasard. N'empêche que j'y tiens encore à ce matricule, il est tatoué de rêves bleus.

Le roussin me dirige vers la salle des casiers, de nouveau je découvre mon 52, cette fois il est centré sur une porte métallique d'une armoire kaki. Un cadenas vieillot pend d'une virole biscornue. C'est un vieux coucou, mais il est cranté, son anse d'acier relâchée m'invite à l'enlever. Ça au moins je connais.

Les zombis reviennent en trombe. Mon attitude face à eux n'est pas très claire. Il me faut un peu de lumière fluorescente. Les tabous ne reculent que des genoux. Leur particularité rotulaire fait que ses individus tournent fréquement autour de leur jambes. Ce qui de fait, reculer ou avancer pour ces mecs n'est d'illusoire. Leur sensations d'hommes-troncs ne fait que renforcer, légitimer leur souplesse d'esprit. Pour être souples, elles sont souples ces gredines et ces matins, leurs facultés à se démettre, à se remettre tient du prodige gymnastiquaire.
Les antiquaires aussi.
Pour être bon antiquaire, faut avoir la paire.
Mais, mais........les contre-faiseurs esthètes ont longuement réfléchis à la situation. Pour être bon marin, il eu fallu qu'ils obtinssent que la mer se retirât doucement.
On en leur accorda que la fille.

Faut que je lui trouve un nom à cet incendie de forêt. Je l'appellerai Chat-chat en souvenir d'un greffier rouge qui rodait autour du campement sans la peur des jets de pierres. Il en a les yeux, je lui raconte, il jubile.
- C'est marrant ma mère m'appelait Minou.
- Pourquoi m'appelait?
Il est d'accord la dessus. il se retourne et continue comme si de rien n'était.
- trouve un numéro, un numéro pour ton cadenas, un que tu te souviens tout le temps, même quand tu pleures.

Com perso:
Merci aux visiteurs assidus, si quelqu'un a des infos ou des photos supplémentaires je prend !

26 avril 2010

page 24

Des rayonnages naphtalinés nous fixent d'un oeil tranquille. Un jeune type à soutane dicte des numéros. Il porte des lunettes rondes, nickelées.
- Cinquante deux! Cinquante deux.....enfin!
Le cinquante deux c'est moi, j'approche de la banque. Comme on distribue les cartes à la belote, je me retrouve avec une "maine" de fringue pliées en rectangle, comme un paquet de tarot bariolés.
Le haut parleur jappe
- Bouge toi un peu 52,voila:
Casquettes, sarraux, slips, chaussettes, mouchoirs, shorts...Faudra tout marquer, ou le faire faire, à ce numéro pour sortir, pour le dimanche vos vêtements civils vous seront rendus le mercredi soir pour le jeudi. Terminé!
Luce a raison, il y a tout ce qu'il faut ici, je regarde toutes ces fringues déjà grandes, je me dis que j'ai encore du temps à passer, sans retourner me réajuster à la prochaine distribution.
-votre major de classe s'appelle Charrof, il va vous installer, vous conduire au dortoir, vous montrer vos placards respectifs.
On me colle dans les mains une jolie guirlande de 52 tout roses,un bout de ferraille qui se veut un pochoir orné d'un gros 52. devant mon air interloqué; il me fait comprendre narquois: Pour les chaussures, a marquer le plus vite possible.

Charrof le major es plus petit que moi, beaucoup plus large. il est grêlé de son, son nez est tordu, déjà cassé, moitié rouquemote, moitié blond. Il me déleste d'un ruban de marquage.
-C'est quoi ton nom?
Ekclec Cachou.
Ah c'est toi qui rentre déjà, avec les orphos
- C'est quoi les orphos?
Bin........les orphelins.
- Eh, j'suis pas orphelin moi, j'ai une maman, une maman Luce!
Ah bon, de toutes façons, enfin...c'est à dire, on ne commence les cours qu'en octobre.

Penseur, il me traîne: Viens, on va voir au dortoir, je vais te montrer ton plume. Après avoir escaladé de larges escaliers, on entre dans une grande salle blanche, avec des sous bassement caca d'oies qui s'alignent à la tête des lits.

Entre les couchettes, une tablette, au dessus des oreillers, des rayonnages tracés au cordeau. au pied de chaque grabat,une pancarte est crochetée, telle un graphique de malade fiévreux. On s'arrête au 52, c'est mon territoire.

26 avril 2010

page 23

Un demi-siècle plus tard, il fait venteux, ce jour est glacé, il dicte le lendemain. J'ai dans l'esprit qu'il faut couvrir cette marche solitaire. Pourquoi ce soint quotidien ?

Je n'y puis répondre qu'en éructant des alibis surréaliste auxquels je ne fais que résister mollement. Les heures sont sablières, la mécanique m'invite à faire durer ma condition de zombi plus de trois minutes. Le temps de se faire cuire un oeuf!

Frileux, affamé, fragile, j'attends la lente coulée du sable. J'observe le filet le long du doigt du verre? Je le retourne promptement. Le tassement me promet une nouvelle période d'existence. Les zombis ont parfois l'apparence de la mort; il y a des jours où je changerais bien de pyjama. Là, à présent j'ai la tête un peu sale, les ongles trop propres, j'ai mal aux pieds. Je les ai gardés avec moi, toute la journée. Ils sont de nouveaux impatients de me quitter, pour redevenir libres, vagabonds.
On se revoit demain, à l'heure réglementaire?

Dans le bahut, pour entrer, on parlemente avec un type coiffé d'une casquette foncée, bordée d'une large bande violette. Un bourgeron gris passé, boudine un torse court. Il nous sauf conduit. Une large allée de graviers nous amène à une maison titanesque. Plate, longue, ré-haussée de parts et d'autres de deux tours carrées. Une autre maison couverte de tuiles rougeâtres, vertes moussues lui fait face. A gauche, un pavillon colonné sur la façade, une verrière en étage étrangle le perron.

Nous voilà petit poucet et maman poucet à cheminer dans cette toile de Delveaux. Je ne vois l'escalier de ministre que lorsque je suis sur lui, il s'en dégage des silences polis et des toux retenues. Le hall est noir et blanc. Après cet échiquier, plus de vie. Une pièce vitrée, une plaque d'émail bleue, cadrée de filets blancs annonce : Concierge.
Un vieil homme triste tourne autour d'une table. J'entre Maman à la main. Nous déclenchons une sonnerie en pointillés,un uniforme se présente. Les formalités suivent: Nom, Prénom, Origines......
Une bise courte, rapide, vite détournée, suivit de
- A Jeudi, mon chéri.
Un moustachu terne, morose me conduit chez le fourrier. Longtemps après, au début de mon service militaire j'ai eu droit au même con,même grade, le tour de tête avait changé.
C'est la rentrée des nouveaux pensionnaires, je suis en rang avec les mômes de mon âge.
On est tétanisé, posés le long d'une banque de bois clair, la zézette recroquevillée, bleuie dans les méchants slibards tricotés.

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