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Les rêves de Cachou
7 avril 2010

page 6

- Je ne recommencerais plus Mémé, promis !

Tu parles, tu parles petit salaup. Si j'avais pu douter à quel point ce sycomore peut m'aimer,même ses mains ont le goût des baisers. Elle ne parle que très rarement,parfois à la cousine qui vient de temps à autre manger avec nous. Elles disent des choses à voix basse, dans un étrange langage, un idiome que je ne comprends pas. Elle est née quelque part en Tchecoslovaquie, du temps des Austro-HongroisAustro-Hongrois. Les vieux l'appellent Hongras,ils doivent savoir eux. Maman est au courant mais elle ne m'a jamais rien dit.

Après la baffe,c'est le calme commun. Pour Mémé les jours buissonniers sont des jours sales. Il faut récurer. A côté de la porte d'entrée,une marche,et à droite une pile sur laquelle repose, une élégante pompe à col de cygne. Elle crache tout rond, de l'eau rougie par la rouille, dessous une "seille" en fer galvanisé.
Elle est très profonde,je peux m'y asseoir dedans. Debout, dénudé, je serre les fesses en attendant l'étrille,l'éponge. Pendant qu'elle me frotte, je me dis que quand je serais grand, mon zizi atteindra la hauteur de la pile et que je pourrais pisser dedans, sans m'éclabousser les chevilles.
Les ongles des pieds sont vérifiés,la pointe du ciseau gratte le noir des ongles. Séché,brillant, le pyjama enfilé;attendrie elle dit avec douceur:
- Allez viens, câlin et on mange.

Sa sacagne s'ouvre sans bruits, le couteau est gras et effilé. A la manière dont elle trace une croix sur le cul de la miche, il parait bénin,inoffensif, elle le manoeuvre comme elle me brosse les cheveux.
les tranches tombent naturellement dans l'assiette. Elle 'interroge:
On m'a dit que tu étais avec Tudo à la "digue",et l'école dans tout ça fils?
Elle me parle avec douceur,sans émoi apparent,presque avec compréhension,bienveillance.
- J'suis pas allé si loin Mémé, j'étais avec le Magnin à la ferraille.
Elle me laisse avec mes mensonges. Mémé sait faire parler.
- Tu es allé où, à la feraille?
- Ben on est remonté jusqu'à la digue et...

Trop tard,je me suis coupé,ça saigne!
Il faut continuer dans la vérité. Je sais qu'elle n'aime pas me savoir à la digue. Pour y accéder, faut traverser la rivière,faut se mettre à poil avec les harnais sur la tête. Un méchant courant nous porte près d'un muret en contrebas. Il faut "attraper pied" , saisir et l'atteindre en vitesse pour ensuite, l'escalader.
Après, on est dans les jardins des bourgeois, sans passer par la route,incognito.

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