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Les rêves de Cachou
4 avril 2010

page 4

S'ajoutait un autre étonnant lascar qui n'était pas de chez nous, mais possédait une sacré réputation de tireur,de frappeur. Plus sale que nos peignes, il s'appelle Béret Blanc, déformation de son nom patronyme, car il cogne maintenant au Conseil Général. Coureur fantastique,toujours premier au cross du curé, il demeurait irrattrapable par la maréchaussée. Les villageois l'assimilaient à nous autres. Il traînait ses grands abattis, donnait des coups avec nous, se foutait pas mal des commentaires des autochtones. On lui avait appris a jouer de la guitare, il nous accompagnait les soirs de rumba. Ce grand pendu avait vraiment des allures de piches.

Son frêre, militaire volontaire en Indochine,avait épousé, une de là bas, lui en était très fier,c'était sa façon de nous faire de la nique, d'être autrement.

Moi j'habitais indifféremment dans le camping de mamie Canette, ou dans "le dur". Le logement avait été construit par Pépé Basseth à peine connu. J'étais maintenant surveillé par son portrait photographique sépia. De grosse moustaches en crocs prenaient soin de moi, me chatouillaient la tête, rugueuses, quand les soirs de grand froid,l'édredon se mettait en couvercle sur ma tête. Le cadre se déplaçait, des mains passaient sous le ballon du lit pour vérifier la brique, source de chaleur,solitaire engoncée d'un bas de coton brun.

Quand je logeais dans le dur, j'étais presque de la ville. St Lambert est encaissé dans un trou noir et vert foncé. La Ballerine,rivière d emontagne traverse le bourg, jouxte la route du malheur qui conduit vers les mourroirs a tuberculeux d'une région de plus haute altitude. Elle file ensuite à l'étranger.

Une énorme usine utilise les courants de la ivière pour forcer de grosses roues pattues,vertes de mousse. Elles grincent dans les rissoles lancées, détournées dans le village. la filature,c'est la ville:en amont:les cités du haut,en aval:les cités du bas. Neuf adultes sur dix travaillent pour la filiale d'un monstre venu du Nord. Torsion de fils de coton,fabrication de trames de tissus,cordes, cordages occupent une population hétéroclite et polyglotte. siciliens,Maltais,Marocains,andalou,Gitans se partagent inégalement dans la communauté.

Les français sont rares: cinq bistrots,le coiffeur, la coopérative de l'usine forment le noyau des prolos Lambertiens de souche. Ils se sont bien protégés au centre du hameau. La cité du bas est réservée aux ritals. Les siciliens et les Calabrais se bouffent entre eux,quand ils ont a bouffer. On y descend rarement,sauf pour aller aux douches municipales,encadrés,convoyés par les adultes.

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