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Aujourd'hui, pour toi, pour le plaisir, pour ma mamie Canette, je t'invente un pépé Canette: un grand marin hirsute,bougon, avec de grosses veines bleues sur les mains, des dents noires touts ratatinées de nicotine, un brûle-gueule comme un éperon. Je te le donne Mamie, il est à toi, bien à toi ce coquin, et ce n'est pas mon grand père.

Bon, papa rentre. Pourquoi il rentre, alors que la plupart du temps, on habite dehors.
Luis est un bon musicien de mandoline et de violon, il possède un grand couteau de corne rose qu'il m'offrira sûrement. Sur le manche est gravé un joli serpent d'argent. Quand il revient au dur ou au camping, il s'annonce en sifflant une musique particulière. Je me souviens de ces trilles que j'utilise parfois pour me faire pleurer un peu. Il me racontait que c'était pour faire fuir les "tcoukis", c'est le nom qu'il donne aux chats noirs, émissaires du malheur quand ils rodent autour du camp.
Depuis le peu de greffiers que j'ai côtoyés, je les appelle "tchoukis" sauf, un peut être que je surnomma "lapin". J'aime pas les chats.

Il est arrivé, à première vue, il donne l'impression d'être petit, si vos yeux descendent jusqu'à ses bottes, on se rend alors compte de sa haute taille. Il est dense et mastoc, une large veste dissimule un tronc épais. C'est pas du Praxitèle, plutôt un fourneau de locomotive, une poutre ronde avec une tête noiraude aux yeux brillants, verts. Sa voix ne va pas avec l'ensemble. Elle fait la douce quand il s'exprime,elle amortie son physique. Il crie peu souvent. Naturellement c'est un chuintement qui contourne les S quand il exprime sa mauvaise humeur à voix basse, quand il maugrée, c'est un sac de noix qui se déverse à vos pieds.

Il me regarde de tout son haut, son court menton hausse sa moustache, tandis que des mains larges,plates me traverse le crin.
- Qué talé bourro ?
Tu parles si l'âne va bien, je suis sec, raide, content. Comme d'habitude je sais pas quoi dire. Je fais pas exprès? J'attends que ça vienne. Quoi? Une bise? Une taloche? M'en fou, il est là. Son bras me conduit près d'un petit banc, son regard un peu mongolien me fixe à la hauteur de mes oreilles. La brosse un peu tombante de la moustache s'étire sur sa bouche: Il sourit, il rigole avec ses pommettes et la fumée de sa pipe. peu de bruits d'abord, puis ça s'enfle en hins! hins! saccadés.
J'attends qu'il arrête, riant en relais. Je me dis qu'il a d^me rapporter en quelque chose. Prudemment je me lève, tourne autour de lui,  en faisant visuellement l'inventaire.